Vous êtes ici : Accueil > Actualités > Excision : comprendre, prévenir et accompagner les femmes concernées

Excision : comprendre, prévenir et accompagner les femmes concernées

Le 01 octobre 2025
Excision : comprendre, prévenir et accompagner les femmes concernées
Découvrez ce qu’est l’excision, ses conséquences sur la santé et la sexualité, comment accompagner les victimes dans leur reconstruction

Excision et sexualité : comprendre, accompagner et reconstruire

L’excision, également appelée mutilation génitale féminine (MGF), est une pratique qui concerne encore aujourd’hui plus de 200 millions de femmes et de jeunes filles dans le monde. Derrière ce chiffre, il y a des histoires de douleur, de silence et de lutte, mais aussi des parcours de résilience et de reconstruction.

En France, on estime que plus de 60 000 femmes vivent avec les conséquences de l’excision. Si cette pratique est interdite par la loi, elle continue pourtant d’être transmise dans certaines communautés, parfois dans le secret le plus total.

 

Cet article a pour objectif de :

-expliquer ce qu’est l’excision, ses formes et son origine ;

-montrer ses conséquences physiques, psychologiques et sexuelles ;

-présenter des solutions concrètes pour les femmes concernées ;

-donner des conseils pratiques aux proches et aux professionnels ;

-et enfin, témoigner de ce qu’un accompagnement thérapeutique peut apporter.

Parce que l’excision n’est pas une fatalité. Même si les cicatrices existent, il est possible de se réconcilier avec son corps et de retrouver une intimité plus apaisée.

 

1. Comprendre l’excision : définition et réalités

Définition

L’excision regroupe l’ensemble des mutilations génitales féminines consistant en une ablation partielle ou totale des organes génitaux externes, sans justification médicale. Elle est pratiquée le plus souvent sur des jeunes filles, parfois sur des bébés, et presque toujours sans anesthésie ni conditions médicales adaptées.

 

Les différents types

L’OMS distingue quatre formes principales :

-Clitoridectomie : ablation partielle ou totale du clitoris.

-Excision : ablation du clitoris et des petites lèvres, parfois des grandes lèvres.

-Infibulation : rétrécissement de l’orifice vaginal par suture, après ablation partielle ou totale des organes externes.

-Autres pratiques : brûlures, piqûres, cautérisation, étirement…

 

Toutes ces pratiques entraînent des conséquences graves sur la santé et sur la sexualité.

 

Pourquoi cette pratique perdure-t-elle ?

Malgré les interdictions, l’excision continue d’être pratiquée pour plusieurs raisons :

-tradition et transmission culturelle ;

-pression sociale (assurer le mariage de la jeune fille) ;

-croyances autour de la pureté, de la virginité ou de la fidélité ;

-contrôle de la sexualité féminine.

Beaucoup de familles la considèrent comme un passage obligé, souvent sans avoir conscience des conséquences irréversibles.

 

2. Qui est concerné par l’excision ?

 

Répartition géographique

On retrouve l’excision principalement en Afrique subsaharienne, dans certaines zones du Moyen-Orient (Yémen, Irak, Kurdistan), ainsi qu’en Asie du Sud-Est (Indonésie, Malaisie).

En Europe, elle concerne des femmes migrantes ou issues de familles ayant perpétué la tradition malgré l’interdiction.

 

Les âges

L’excision est souvent pratiquée sur des enfants entre 4 et 12 ans, parfois dès la petite enfance. Certaines communautés choisissent l’adolescence pour marquer le passage à l’âge adulte.

En France

Selon les estimations, entre 60 000 et 70 000 femmes vivent en France avec les conséquences de l’excision. Certaines ont subi cette mutilation avant leur arrivée, d’autres lors de voyages dans leur pays d’origine.

 

Témoignages:

Amina, 32 ans : « J’avais 7 ans, je ne comprenais pas pourquoi ma tante m’amenait dans cette maison. La douleur a été insupportable. J’ai gardé le silence pendant des années. Aujourd’hui, je commence une thérapie pour me réconcilier avec mon corps. »

Fatou, 40 ans : « Je croyais que toutes les femmes étaient comme moi. C’est seulement en venant en France que j’ai découvert que j’avais subi une mutilation. Cela a bouleversé ma vision de moi-même. »

 

3. Les conséquences de l’excision

 

Conséquences physiques

Les conséquences varient selon le type d’excision, mais elles sont toujours présentes :

-douleurs chroniques ;

-infections urinaires et vaginales à répétition ;

-troubles menstruels ;

-cicatrices douloureuses ou chéloïdes ;

-complications obstétricales (accouchements difficiles, risques accrus pour la mère et l’enfant) ;

-parfois infertilité.

 

Conséquences psychologiques

Au-delà des séquelles physiques, l’excision entraîne un traumatisme psychique profond :

-anxiété et dépression ;

-sentiment d’avoir été mutilée, volée dans son intégrité ;

-honte et culpabilité ;

-dissociation avec son corps ;

-stress post-traumatique (cauchemars, flashbacks, phobies médicales).

 

Conséquences sexuelles

La sexualité est particulièrement impactée :

-douleurs pendant les rapports (dyspareunie) ;

-peur d’anticiper la douleur, entraînant un blocage ou un évitement ;

-baisse ou absence de désir ;

-difficulté, voire impossibilité, à atteindre l’orgasme ;

-difficultés relationnelles avec le partenaire.

 

Conséquences sociales et relationnelles

L’excision peut aussi fragiliser la vie sociale et familiale :

-silence imposé, tabou ;

-peur d’en parler à son partenaire ;

-isolement, sentiment de différence ;

-tensions ou incompréhensions dans le couple.

 

4. Les solutions possibles pour les femmes concernées

 

Chirurgie réparatrice

Depuis les années 2000, la chirurgie réparatrice du clitoris développée par le Dr Pierre Foldès permet à de nombreuses femmes d’espérer une reconstruction partielle.

La technique consiste à libérer le clitoris enfoui, à enlever les cicatrices et à redonner une forme anatomique.

Beaucoup de femmes rapportent une amélioration de la sensibilité, une diminution des douleurs et une meilleure image d’elles-mêmes.

En France, l’opération est prise en charge par la Sécurité sociale.

 

Accompagnement psychologique

La parole est une étape fondamentale. Les femmes ayant subi l’excision ont souvent intériorisé la honte et le silence.

Un suivi psychologique permet de :

-mettre des mots sur le traumatisme ;

-travailler sur la confiance en soi ;

-sortir de la culpabilité ;

-se libérer de la peur d’être jugée.

 

Sexothérapie

La sexothérapie est une approche spécifique pour retrouver une relation apaisée avec sa sexualité. Elle aide à :

-se reconnecter au corps par des exercices de respiration, relaxation, visualisation ;

-explorer d’autres formes de plaisir que la pénétration ;

-apprendre à exprimer ses besoins et ses limites ;

-accompagner le couple dans une communication bienveillante.

 

Autres approches corporelles

Certaines femmes trouvent un apaisement grâce à :

la sophrologie ;

la méditation pleine conscience ;

les massages thérapeutiques ;

les pratiques douces comme le yoga ou la danse.

 

5. Conseils pour l’entourage et les professionnels

 

Pour l’entourage

Écouter avec respect et sans jugement.

Ne pas minimiser la souffrance.

Soutenir la démarche de soin.

Encourager la personne à consulter des professionnels adaptés.

 

Pour les professionnels

Se former à la question des mutilations génitales féminines.

Repérer les signes lors des consultations.

Orienter vers des associations spécialisées.

Sensibiliser les jeunes générations pour prévenir la reproduction de la pratique.

Associations et ressources

GAMS France : Groupe pour l’Abolition des Mutilations Sexuelles.

Excision, Parlons-en ! : réseau d’information et de soutien.

End FGM European Network : plateforme européenne de lutte contre les mutilations.

 

6. Mon expérience de sexothérapeute

En tant que sexothérapeute, j’ai accompagné des femmes ayant subi l’excision dans leur parcours de reconstruction.

 

Mon approche

Créer un espace sécurisant, confidentiel et bienveillant.

Respecter le rythme de la personne.

Proposer un travail sur le corps et la parole.

 

Les objectifs

Retrouver confiance en soi.

Redécouvrir le désir sexuel.

Explorer une sexualité possible, malgré les cicatrices.

Renforcer la communication au sein du couple.

Ce travail, en complément d’un suivi médical, peut être une étape clé dans la reconstruction.

 

Conclusion

L’excision est une violence qui laisse des traces profondes, mais elle ne condamne pas à une vie de souffrance. Avec un accompagnement adapté – médical, psychologique et sexothérapeutique – il est possible de se reconstruire, de retrouver confiance en son corps et de vivre une sexualité plus libre.

Parler est le premier pas vers la guérison.

 

???? Si vous êtes concernée, ou si vous connaissez une femme qui l’est, je vous invite à me contacter. Ensemble, nous pouvons avancer vers une réconciliation avec votre corps, votre intimité et votre sexualité.